Observation

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Le Grand Remembrement

2021

- Tout le monde connaît la haie, le bocage de nos régions, et beaucoup de touristes même, non avertis des problèmes agronomiques, on pu s’apercevoir que ces haies tendaient à disparaitre. En effet, qu’il s’agisse du remembrement d’une commune, de l’utilisation d’un matériel plus conséquent, il fallait restructurer nos exploitations dans la région. Et de ce fait, faire disparaitre un grand nombre de talus — boisés — qui bordent habituellement ce champs clos, si particulier à la région de l’ouest. Mais il y a sans doute des inconvénients à faire disparaitre ces talus, tout au moins dans leur totalité. Nous pensons, sans pouvoir encore l’affirmer, qu’il y a une certaine limite à la surpression de ces haies. Et c’est justement pour traiter ces problèmes que nous avons organisé cette journée d’information. Nous voulons entreprendre des travaux dans le laboratoire récemment créé par Monsieur Charles et nous voudrions justement que ces travaux profitent déjà de l’experience acquise par l’ensemble des stations agronomiques de l’Institut national.

- N’y aurait-il pas des conséquences graves à les supprimer complètement Monsieur le Directeur ?

- Certainement, il y a des conséquences très importantes, de tous genres. Mais nous ne connaissons pas exactement la limite à laquelle nous devrons arrêter cette destruction. Nous ne savons même pas si nous devrions pas remplacer certaines haies par des haies, plus jeunes, nouvelles, mais mieux placées.

- Quels seraient ces inconvénients ?

- Ces inconvénients sont d’abord d’ordre climatique. Il s’agit d’abord de l’eau, du régime des eaux qui est contrarié. ll s’agit de l’érosion par les vents, l’érosion du sol, dont nous avons déjà constaté des effets. Il s’agit également, et d’une façon beaucoup plus générale, d’une rupture de l’équilibre biologique ancestrale de nos régions.

Entretien en 1964 de Monsieur Paul Matagrin, agronome, de l’École nationale supérieure agronomique de Rennes, par le journaliste Louis-Marie Cohic, à propos du remembrement et de ses conséquences probables dangereuses pour le climat et l’équilibre biologique ancestral des régions de la Bretagne.

Après des décennies de remembrement, la Bretagne mise de nouveau sur son bocage. Devenus des symboles culturels et historiques de l’évolution de l’agriculture, les talus sont reconstruits dans la région pour limiter l’érosion des sols et la pollution des eaux. […] « On a payé pour détruire, on paye pour reconstruire », lance Mael Spinnec, technicien du syndicat des bassins versants (territoires drainés par un cours d’eau et ses affluents) du Jaudy-Guindy-Bizien. […] Depuis 2008, l’ensemble des syndicats de bassins versants de la région a négocié avec les agriculteurs l’implantation de plus de 3 500 kilomètres de nouveaux talus, avec comme argument principal la reconquête de la qualité de l’eau : en ralentissant le ruissellement des pluies sur des terrains en pente, les talus limitent l’érosion des sols ainsi que les dégâts causés par la fuite des produits phytosanitaires – dont certains actifs sont captés par les racines des arbres plantés en bordure des champs. Ils constituent par ailleurs d’importants couloirs de biodiversité en accueillant de multiples espèces végétales et animales, et servent de refuge au bétail dans de nombreux élevages.

Mayenne, 1950–1965
Mayenne, 2016
Mayenne, 1950–1965
Mayenne, 2016
Mayenne, 1950–1965
Mayenne, 2016
Ille-et-Vilaine, 1950–1965
Ille-et-Vilaine, 2016
Ille-et-Vilaine, 1950–1965
Ille-et-Vilaine, 2016
Ille-et-Vilaine, 1950–1965
Ille-et-Vilaine, 2016
48°00'00.0"N 3°00'00.0"W

Lieu: Bretagne, France

Data: IGN
Interview: INA
Text: Simon Auffret, Après des décennies de remembrement, la Bretagne mise de nouveau sur son bocage, 2019 (Le Monde)


Publié: Septembre 2021
Catégorie: Observation